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Jazz à Java
 
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Jazz à Java: nous improvisons avec les muezzins!

Après quelques jours de farniente à nous ramollir sur la plage, nous nous attaquons à un voyage sur l’île de Java toute proche. L’objectif est de découvrir l’est de cette île, région montagneuse et volcanique avec de superbes paysages protégés par des parcs nationaux. Direction la gare routière de Denpasar pour prendre un bus public à destination de la grande ville de Surabaya, à Java. Le transport se passe bien, un peu serré mais dans l’ambiance locale. Quelques heures de route à tombeau ouvert, nous arrivons dans un petit port où le bus monte directement sur un ferry pour traverser le détroit qui sépare Bali de Java. Les femmes mettent un voile sur leur tête : Java est une île très musulmane. Nous débarquons de l’autre coté, dans la ville de Banyuwangi où je me mets en quête d’une voiture pour visiter le coin. J’ai de la chance de trouver tout de suite un gars avec un 4x4 qui nous propose de nous faire visiter le pays pour un prix très raisonnable (50€ pour 2 jours le 4X4 avec chauffeur). Nous passons la soirée à Banyuwangi. C’est une assez grande ville plutôt propre et sympa. Nous rencontrons un gars qui parle un peu français ! Très étonné de voir des touristes dans sa ville, il nous accompagne et nous fait visiter Banyuwangi en vélo pouss-pouss. Il nous parle longuement de sa ville, de Java, de politique et de religion musulmane qu’il critique beaucoup d’ailleurs. Il est vrai que l’emprise de l’Islam se voit partout, à commencer par la mosquée principale, pharaonique et les muezzins que l’on entend partout.

Le lendemain nous sommes réveillé à 4h au doux son du muezzin qui psalmodie sa prière dans des haut-parleurs saturés .1 heure + tard notre chauffeur nous embarque, direction les montagnes et les volcans. Direction le Kawa Ijen, un intéressant volcan actif dont l’immense cratère est rempli du + grand lac d’acide du monde. Ce volcan à fait l’objet d’un reportage de Nicolas Hulot il y a quelques années. En route la pluie nous arrose et le temps est bien bouché. Le jour se lève quand nous traversons un forêt tropicale humide, typique avec des arbres immenses et des superbes fougères arborescentes. Des singes s’amusent bruyamment et nous apercevons aussi quelques oiseaux très colorés.
 
Nous sortons des nuages sur le plateau des volcans.
7 heure du mat, Antoine attaque la montée
Au contact des travailleurs du soufre

. La pente s’accentue et en altitude la forêt laisse la place à des plantations de café, puis à une sorte de savane sèche. La pluie s’est arrêtée nous laissant contempler le paysage : nous sommes au milieu d’un massif volcanique d’où plusieurs cônes jaillissent, de la fumée sortant de leurs sommets. Nous poursuivons notre route jusqu’au pied du Kawa Ijen. Il nous reste à faire un petit treck de quelques heures pour grimper au sommet.
En route donc Antoine et moi, le chauffeur restant garder la voiture. Le sentier est facile mais pentu. Le temps est maintenant superbe, bien qu’un peu frais.
Nous commençons à croiser des porteurs de soufre revenant du volcan avec leur fardeau. Ils portent des blocs de soufre pur dans des paniers à balanciers. La charge est énorme, de l’ordre de 80 à 100 kg, et le portage se fait par une latte en bambou qui doit faire très mal. J’ai essayé de soulever la charge : j’ai pas réussi à la décoller et je me suis à moitié demi l’épaule ! Je ne suis pas fait pour ce métier.
Nous grimpons tranquillement tout en profitant du paysage. Nous croisons quelques français qui redescendent déjà. En approchant du sommet, des nuages de fumée irritante nous enveloppent de temps en temps. Nous arrivons sur le bord du cratère et là un spectacle dantesque s’offre à nous. Le paysage est lunaire. A nos pieds s’ouvre un immense cratère dont le fond est rempli d’un lac vert émeraude, et de gros nuages de fumée qui en émane, fluctuant au gré du vent, tantôt nous mettant dans un brouillard toxique, tantôt nous laissant respirer et admirer le spectacle. Plusieurs touristes sont là, en voyage organisé avec des guides. Antoine et moi passons pour des fêlés à nous aventurer ici par nos propres moyens.

Les porteurs de soufre remontent péniblement les pentes du cratère. Ils grimacent sous leur fardeau. Certains sont pieds nus…  Nous apercevons dans le fond un petit groupe qui s’active autour de sorte de cheminées volcaniques. C’est de là que viennent les porteurs. Aucun touriste ne descend dans le cratère, un panneau en plusieurs langues l’interdisant. Pourtant je suis bien tenté d’aller voir de plus près ces cheminées fumantes. Je pose la question a un guide indonésien du groupe, il me répond dans un français impeccable : impossible n’est pas indonésien !Je le crois sur parole et avec Antoine nous commençons la descente dans le cratère.

 

Expérience intense

Le sentier incertain est très escarpé, et les porteurs nous recommandent de ne surtout pas s’écarter car le terrain est instable. Nous descendons au milieu de gros blocs rocheux en équilibre précaire. Antoine n’est pas fier surtout quand je lui confirme qu’il s’agit d’un volcan actif. Plus nous descendons et plus les fumeroles deviennent dense, nous obligeant à respirer à travers un vêtement humide, le visage au ras du sol en quête de quelques molécules d’oxygène. Les yeux piquent, la peau aussi, l’odeur d’œuf pourri  indique un gaz sulfurique qui a la faculté de se dissoudre très facilement dans l’eau (lac de cratère, larmes, sueur, salive…) pour la transformer en acide sulfurique. Heureusement le vent tourne et le nuage laisse place à de l’air frais, nous permettant d’admirer la beauté sauvage du lieu. Notre descente périlleuse nous amène enfin à l’endroit d’extraction du soufre. Ce sont des sortes de fissures dans la paroi du volcan qui crachent en permanence le gaz toxique et du soufre liquide. Le soufre liquide qui sort rouge du sol est canalisé vers une zone ou il refroidit. Quand il a durcit, il est cassé en morceaux par des ouvriers et mis dans les paniers de transport. Je vous garanti que de travailler là c’est travailler en enfer. C’est absolument irrespirable, la chaleur est atroce, çà nécessite une force de titan. La moyenne d’age de ces pauvres gars ne dépasse pas 35 à 40 ans. Les porteurs sont payés au poids et gagnent pour les + costauds 55€ par mois.

Antoine et moi poussons la curiosité à approcher le lac d’acide de tout près. Il est superbe, il y a même une petite plage,  et pour un peu on sauterait dedans pour se rafraîchir. Les petites fumerolles qui s’en échappent nous rappelle que son PH inférieur à 1 nous dissoudrait  rapidement. Un gars du chantier vient d’ailleurs nous voir pour nous dire de ne surtout pas s’approcher du lac. Pour ne pas les déranger d’avantage et aussi parce qu’on tient à la vie, nous remontons en sens inverse la paroi abrupte du cratère. Les nuages toxiques nous obligent encore à de nombreux arrêts, on perd même le chemin à un moment dans le brouillard, mais on finit par sortir et nous basculons sans traîner sur le flanc de la montagne où nous retrouvons de l’oxygène. Ce fut une expérience intense et inoubliable, tant humaine que géologique.
La haute vallée du café

Nous poursuivons notre voyage à Java par une balade en voiture dans les montagnes. La région est plutôt sèche et le paysage ressemble à une savane. Nous traversons de vastes plantations de café arabica, et finalement nous descendons dans une vallée verdoyante où nous trouvons un petit « home stay ».  Dans les environs nous decouvrons des sources chaudes qui servent de bain-douche au village voisin, et une magnifique cascade. La vallée est isolée dans la montagne, et les villageois travaillent dans le café pour la plupart, ou élèvent des chèvres aux curieuses oreilles très longues. Nous visitons aussi une petite usine qui traite les récoltes de café, production majeure de la région. Deux familles de touristes arrivent à notre hôtel en soirée et nous échangeons agréablement nos impressions de voyage. Ils viennent de Jogjakarta, région très abimée par un violent tremblement de terre en mai dernier. La ville, habituellement très visitée par les touristes, est totalement désertée par ceux ci. Notre plan initial prévoyait la visite de cette ville et des environ mais, ne voulant pas passer pour des « voyeurs » de catastrophe, nous avions renoncer. Peut être est ce à tord, car ces voyageurs nos disent avoir au contraire été remercié d’être allé à Jogja malgré le tremblement de terre. Ce n’est pas toujours facile de choisir la bonne attitude de voyageur responsable.

Antoine et moi discutons de la suite du voyage. Je suis partant pour aller visiter la proche région du volcan Bromo, où les paysages sont paraît il splendides. Antoine veut retrouver la mer et les vagues de Bali. C’est aussi son voyage. Nous décidons donc de retourner à Bali. Cap sur le port de Banyuwangi afin de regagner l’île des dieux !

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