Dans le bus public  
Il y a une route...  
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Les charmes des bus et des routes indonésiennes
Lacets dans la montagne.   En route pour le lac Poso

Notre planning de voyage à Sulawesi nous impose de monter jusqu’à Palu car nous avons réservé un vol de là pour revenir sur Makassar. Et la route est longue pour y aller. Ce matin nous prenons donc un bus public pour rallier Rantépao à Tentena au bord d’un grand lac de montagne, le lac Poso. Ce trajet doit se faire en 10 heures en principe, nous mettrons 24 heures en fait…

Nous embarquons dans un petit bus bondé de passagers et de marchandises, il n’y a pas d’autre touriste que nous et personne ne parle anglais. D’entrée on ressent un certain agacement des autres voyageurs de nous voir dans ce bus, d’autant qu’Isabelle est partie faire quelques courses au magasin d’artisanat local juste avant le départ et donc que le bus est obligé de nous attendre. Tous les regards se braquent sur nous, certains sans aucune bienveillance. Nous avons en tête que la région de Poso où nous allons a été troublée par des violences entre musulmans et chrétiens au milieu des années 2000, avec beaucoup de victimes dont des étrangers et déjà à l’époque des décapitations. Normalement en ce moment c’est calme, mais les protagonistes de l’époque sont toujours là.

La 1ère partie de la route se déroule normalement, nous circulons sur une bonne route en lacets à travers une jungle dense, jusqu’à la côte Est. Nous longeons la mer quelques temps. Le paysage change et il y a pas mal de plantation de palmiers à huile, si décriés en occident. Le temps est splendide, nous faisons des pauses dans des warungs en bord de route. Puis nous commençons à monter dans la montagne qui s’élève devant nous, au milieu d’immenses plantations de cacao. La route est moins bonne, il a visiblement beaucoup plu récemment, il y plein de coulées de boue et de glissements de terrain sur la route, la rendant très glissante, limite impraticable, obligeant les véhicules à faire des manœuvres pas possible. Nous sommes en montagne, avec des ravins en bord de route. A un moment, notre bus s’arrête sur une plaque de boue. Roues bloquées, il commence à glisser tout seul vers le ravin… Le chauffeur tente de le freiner, y parvient heureusement, puis essaie de repartir, les roues patinant dans la glaise. Cà repart, mais nous avons eu une petite chaleur. Cette route est défoncée par les glissements de terrains, elle est partiellement effondrée par endroit, encombrée de gros rochers à d’autres, mais c’est la seule route, nommée trans-Sulawesi ! Tant bien que mal, on avance. De vastes portions sont en travaux, la route est en terre. La nuit tombe. Nous aurons encore quelques chaleurs, notamment au passage d’un pont provisoire en bois où le bus est obligé de manœuvrer à quelques centimètres du vide. Après un diner dans resto genre ouvrier chez nous, on attaque la dernière partie. Cà fait 12 heures qu’on est parti.

    Problème dans la montagne
Bus indonésien deluxe...

Les camions patinnent et bloquent la route.
  Cà grimpe toujours, et nous arrivons soudain sur une portion où la route goudronnée disparait pour faire place à une piste de glaise. Les roues du bus patinent. On s’arrête, il y a un problème. Des camions en vrac bloquent la route, ils ne peuvent pas passer, c’est trop glissant. Cà crie et çà s’agite sur la route. Finalement une voie est dégagée. Notre chauffeur demande à tous les passagers de descendre pour alléger le bus. Il reste un petit col à passer pour basculer sur la descente vers notre destination. Nous voilà dehors, les pieds nus dans une glaise tellement collante que les chaussures y resteraient plantées. Il est minuit, une pluie fine commence à tomber, nous gravissons à pied la courte pente que les véhicule doivent franchir. C’est véritable champ de boue creusé d’ornières. Nous attendons. Un bus s’engage dans la pente, moteur rugissant, roues patinant, il se bloque assez vite en plein milieu. Des hommes s’activent autour, accrochant des cordages à l’avant pour le tirer à la main. Après un bon ¼ d’heure, il passe, yes ! Nous nous précipitons pour monter dedans. Hélas, ce n’est pas le nôtre, déception. Le nôtre s’engage à son tour, même scénario sauf qu’il ne passera pas, lui. Après 1/2  heure d’effort, il renonce. Le chauffeur nous demande de remonter dedans pour y passer la nuit. On essayera à nouveau de passer demain matin. Les indonésiens prennent çà avec philosophie et s’installent sur leur siège pour dormir. Nous faisons de même. Plusieurs femmes ont des bébés, qui ont faim. Certains hommes fument, d’autres écoutent de la musique sur leur téléphone, c’est bruyant. Je râle un peu sur les fumeurs (no merokok !), et ils arrêteront de fumer heureusement. Bref, ce n’est pas le confortable hotel qui nous attendait à Tentena. Je mets mes boules Quies et prends un Stilnox, et me voilà parti à ronfler, il parait qu’ils ont rallé sur moi mais j’ai rien entendu.
Au petit jour, je me réveille bien reposé, et je sors du bus pour voir la situation. Il a plu dans la nuit, c’est toujours aussi glissant, il y a 5 camions et bus bloqués au pied de la pente. De rares voitures empruntent la route en cette heure, elles arrivent à passer, péniblement pour certaines. Pour les 4x4 pas de problème. Je demande au chauffeur quand il pense repartir, je comprends dans sa réponse en indonésien qu’il attend que le soleil (matahari) sèche la route. Elle est plus humide que la veille et il ne fait pas très beau. On est pas sorti de ce bourbier… Isabelle et moi commençons à en avoir vraiment marre. Je décide de faire du stop auprès des rares voitures qui passent. Comme tout le monde roule au pas, c’est facile pour les aborder mais il faut trouver quelqu’un qui parle anglais. Très vite je trouve un jeune en 4X4 Suzuki qui accepte de nous prendre. Vite, nous prenons nos affaires et hop, dans le pick up, la délivrance ! Le jeune indonésien, très sympa, est en vacances chez ses parents. Il travaille en Papouasie dans la plus grande mine de cuivre et d’or du pays.
Il nous dépose à Tenténa, au bord du lac Poso. Il est 7h du matin, la journée peut commencer.
Camions et bus embourbés dans la montagne de Sulawesi. On ne passe plus... Le gars qui nous a pris en stop dans la montagne. Super sympa!    
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